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ne peuvent combattre. D’ailleurs, il y a dans la nature tant de choses que je ne comprends pas, qu’une de plus ne m’étonne guère. Nous avons tous deux pour ami un savant spirituel (ce qui n’est pas commun), un homme que l’étude de l’anatomie n’a pas fait tourner au matérialisme, et que les conjectures de la métaphysique n’ont pas rendu fou. Eh bien, cet homme, qui n’est ni sot, ni charlatan, croit au somnambulisme ; il en raconte des effets à renverser d’étonnement ; des maladies occultes devenues visibles à l’œil fermé d’une jeune fille ou d’un jeune homme, des remèdes souverains indiqués en rêvant, des oracles rendus par l’ignorance et accomplis par le temps ; enfin, une série de miracles plus étourdissants l’un que l’autre. Cela me séduit, moi.

— Je le crois bien, vraiment, et rien qu’en vous en entendant parler je me sens à moitié convaincu ; il ne me faudrait plus qu’un exemple frappant pour achever de m’éclairer ou de me rendre imbécile ; et si je pouvais assister à votre soirée miraculeuse !…

— Rien n’est si facile ; elle se passe chez un de vos amis : il ne vous y a pas invité, parce qu’il a craint votre scepticisme moqueur. Prenez-y