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où le beau talent de l’Italienne et les grâces de la jolie Française devaient également enivrer d’amour ce charmant monstre de Polydore.

      Qu’importe de quel bras Dieu daigne se servir,

Polydore est heureux ; madame de Freneuil est la cause première de son bonheur : en faut-il davantage pour un âme noble et dupe ?

Ainsi se passe la première vieillesse de cette femme ridicule ; la seconde n’est pas moins douce, car sa fortune lui conserve toutes les illusions qui aident à mourir : enfants, parents, faux amis, tout lui reste, tous s’empressent autour d’elle. On la soigne, on la caresse ; elle ne connaîtra jamais l’affreux abandon où l’on peut laisser la mère de qui l’on n’attend plus de soins, car elle est infirme ; plus d’héritage, car elle est ruinée ; elle ne finira pas sa vie seule, livrée à la pitié de quelque domestique, regrettant de n’avoir pas succombé plus tôt, et de ne pouvoir emporter dans sa tombe l’espoir de quelques larmes pour prix de ce dévouement passionné, bonheur et supplice d’une mère.

L’ingratitude ne lui apparaîtra jamais dans