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glé par Azor ; une guirlande de roses qui avait servi à leurs jeux, un soulier de satin blanc qu’ils s’étaient si bien disputé qu’il n’en restait plus que la semelle. À tous ces désastres, ces plaintes graves, l’oncle répondait par le don d’une somme plus que suffisante pour racheter dix lapins, deux guirlandes, et des souliers blancs pour vingt bals ; eh bien, l’ingrate n’en continuait pas moins ses épigrammes.

Une nuit pourtant que toute la maison était plongée dans un profond sommeil, Follette aboie avec fureur, Azor se précipite vers la porte qui donne dans un cabinet où se trouve la caisse de M. Canophile ; celui-ci s’éveille en sursaut, il sonne, on accourt, il entre dans le cabinet, la fenêtre en est toute grande ouverte, une échelle y est encore appuyée. Il jette aussitôt les yeux sur sa caisse ; la première serrure est forcée, et la seconde allait probablement céder, lorsque les voleurs, effrayés par les aboiements des chiens, ont pris la fuite. Quelques minutes de plus, et le bon Canophile était ruiné ; car sa caisse contenait une somme considérable déposée chez lui par un de ses confrères, et certainement il aurait vendu tous ses biens pour rendre le dépôt qu’on lui