Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préventions, qui juge les discours sans esprit de parti, qui vote selon sa conscience, et qui par conséquent est dédaigné des ministres, oublié du pouvoir et presque toujours blâmé par ses commettants, tout subit le néant de la sagesse et du convenable. Un seul travers comique, insupportable même, les arracherait à cette mort civile ; mais leur nature timorée s’y oppose : semblables à la jeune vierge que la pudeur, encore plus que la religion, condamne à un célibat éternel, ils ignorent la vie.

C’est dans l’espoir de prouver cette grande vérité, et de combattre le seul préjugé qui ait survécu à nos révolutions, que nous offrons au public éclairé ces observations modestes, fruit de nos longues études dans la science si peu approfondie du ridicule ; heureux si, pour prix de nos travaux et des expériences faites sur nous-même, nous parvenons à vaincre les incrédules, à convertir les moqueurs, et à démontrer à tous le bonheur, la puissance et la gloire attachés au sceptre du ridicule.