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— Attendez, dit-il ; j’ai là quelque chose qui va la mettre à la raison.

On croit que c’est une canne : point du tout, c’est un paquet de gimblettes dont Follette s’empare tout en grognant, et qu’elle va cacher sous le fauteuil du visiteur comme pour mieux surveiller ses démarches.

Ce voisinage d’un ennemi déclaré l’inquiète : il retire ses jambes.

— N’ayez pas peur, elle n’oserait vous mordre ; elle sait bien que je suis là, dit M. Canophile.

La conversation va reprendre ; mais Azor a senti à travers la porte le parfum des gimblettes, et il aboie de toutes ses forces pour en avoir sa part. Follette lui répond. On ne s’entend plus. On se décide à lui ouvrir la porte ; alors il s’engage un combat entre la mère affamée et le mari gourmand qui cause d’autant plus d’effroi au visiteur qu’il se passe dans ses jambes. Le pauvre homme, partagé entre la crainte d’offenser le maître de la maison, et celle de se sentir dévorer les mollets, ne sait plus un mot de ce qu’il dit ; il a même oublié ce qu’il venait dire.

M. Canophile, qui le voit se lever, fait de vains efforts pour le retenir.