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teurs : « J’en suis fâché, continua-t-il, mon cher monsieur ; mais comme j’ai pris une femme pour moi seul, vous trouverez bon que je ne la partage point avec vous. » Cela dit, ajouta Menival en lâchant le bras de M. d’Aulerive et en revenant près de la cheminée, je reprendrais mes petites habitudes ; la dame n’ayant plus le galantin sous les yeux, l’oublierait bientôt, et je serais sûr de garder ma femme et ma raison.

— Voilà le vrai philosophe, dit le plus malin du salon.

— Ah mon Dieu ! que j’ai eu peur ! dit tout bas madame Menival à Charles.

— Moi, philosophe ! reprit Menival ; ma foi ! je n’en sais rien ; mais je suis content de la part que le ciel m’a donnée ; une femme fidèle, un ami dévoué, des enfants charmants, des camarades de plaisir qui rient toujours, de la santé, de la fortune. Avec tous ces biens-là, on a le droit de se croire heureux ; qu’en pensez-vous ?

Et chacun d’applaudir.

Ô bonheur ! si bien célébré par M. Necker, vous êtes le premier de tous !