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en pouvoir rire avec connaissance de cause. Mais comme l’esprit et les prétentions d’une femme ne sont jamais bien stimulés par une autre, et que la coquetterie est l’ingrédient le plus nécessaire aux développements des facultés ridicules, les jolies moqueuses en sont réduites à implorer le secours des hommes pour apprendre d’eux les bons mots comiques, les agaceries provinciales, les vanités grotesques, qui font le charme de la coquette ridicule. Comment celle-ci ne se croirait-elle pas l’oracle d’un salon, la reine d’une salle de spectacle, lorsqu’elle voit qu’on se porte en foule là où l’on a l’espoir de la voir, de l’entendre causer, et qu’on assiége sa loge pour obtenir un mot d’elle ? Mais on ne la recherche ainsi, direz-vous, que pour aller colporter de loge en loge, ou de maison en maison, ses questions saugrenues ou ses réponses niaises. Eh ! qu’importe le malheur qu’on ignore ? Les soins empressés, les hommages, l’effet sans cesse renaissant d’une surprise qu’on prend pour de l’admiration, ne sont-ils pas des joies positives, que chaque jour ramène plus douces et plus enivrantes ? Demandez à cette femme dont la coiffure est empruntée à la Diane antique, la robe imitée de celle de madame de