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envie d’aller offrir le secours de mon bras à la dame emplumée ; car, à travers le burlesque de sa situation, elle m’a paru fort jolie ; mais j’ai entendu le gros homme lui dire : « Prends bien garde en descendant, ma Minette. » Le fou rire m’a pris, et je l’ai abandonnée à son périlleux sort.

Comme ces mots finissaient, on annonça M. et madame Menival ; le jeune homme s’écria :

— Les voilà !

Et les rires redoublèrent.

— Je vois avec plaisir que l’on s’amuse ici, dit en entrant M. Menival sans se déconcerter ; par-bleu ! j’ai donc bien fait de tout braver pour y venir. Savez-vous bien qu’un autre que moi y aurait renoncé, et qu’il m’a fallu forcer ma femme à m’accompagner, elle qui aime le bal à la rage. Eh bien, nous avions tant d’obstacles réunis à vaincre, que son courage était à bout ; elle allait se décoiffer et se mettre au lit, car mon cocher venait de rentrer saoul comme une grive, après avoir mis ma voiture en cannelle à la sortie de l’Opéra, où j’étais allé un moment. Voyant qu’il n’y a pas moyen de s’en servir, j’envoie mon chasseur chez deux loueurs de voitures ; mais à