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lui répond que M. d’Aulerive doit être sur la liste des invités, que son billet lui parviendra plus tard, Menival ne se contente point de ces assurances ; il écrit à M. de Rochebelle pour s’assurer du fait. Dieu sait si l’on se moque du sujet et du style de la lettre ! Mais le bon Menival n’en sait rien ; il a obtenu ce qu’il désire pour son ami, il est content.

La sympathie, cette chaîne mystérieuse qui unit les espèces, n’est pas moins connue de la gent ridicule que de la gent amoureuse ; mais elle y exerce sa puissance d’une façon particulière ; c’est à la condition de se moquer réciproquement de leurs travers que deux êtres ridicules se lient d’amitié ; aussi le bel-esprit, le poëte Saint-Gervais, est-il, après M. d’Aulerive, l’ami, l’habitué le plus indispensable de Menival ; c’est lui qui le chante à sa fête, qui lui sert de point de réunion quand il veut donner une soirée économique.

— Saint-Gervais nous lit dimanche sa tragédie, j’espère que vous viendrez l’entendre, dit Menival avec cet air de confiance qui ne suppose pas un refus.

Et il trouve en effet beaucoup de gens assez