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le choix des gens que vous devez inviter ? A-t-il peur que nous l’exposions à recevoir chez lui de certaines personnes qu’on rencontre trop souvent là où elles sont déplacées ? ce serait bien peu nous connaître. Ah ! nous savons trop bien vivre pour tomber dans une pareille faute. L’essentiel est d’avoir beaucoup de femmes élégantes, de jolis danseurs, de vieux ducs, de jeunes publicistes, un ou deux poëtes, et Tolbecque avant tout.

— Mais, dans tout cela, ma chère, dit la vieille marquise d’Orbesson, il y a les éléments d’une fort bonne et d’une fort mauvaise compagnie. Vous n’êtes pas dans l’âge où l’on sait composer un salon, et je vous engage à nous laisser ce soin. Ce n’est pas parce que je l’ai élevé ; mais, certes, mon neveu est connu pour l’homme de Paris qui connaît le plus les convenances, et sait le mieux son monde.

— Vous me faites bien trop d’honneur, reprit M. de Rochebelle ; je n’ai pas assez profité de votre éducation, ma chère tante, pour atteindre au grand art de ne réunir que des gens qui se conviennent, et sur lesquels il n’y ait pas la moindre chose à dire.

— Vraiment, il faudrait que vous fussiez sor-