Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette faute lui vaut un coup de poing qui le précipite à terre, sa tête porte la première, il pousse des gémissements affreux. Monval, qui vient de tirer son épée pour son propre compte, veut la faire servir à chasser Favori ; mais le chien se révolte, il saute aux mollets de l’amant. Mélanie pousse un cri de l’autre monde, la bataille s’engage et Dieu sait ce qui en résulterait si Faublas ne prenait son chien par la peau du cou, et ne le mettait sous son bras à la place de son claque.

Mais le calme est rétabli, Mélanie est remorte, son père est traité de tigre par Monval, de pécheur par le curé, de converti, par l’auteur, et la toile tombe sur ce vers un peu mythologique :

      Dieu vengeur ! à quel prix vous m’avez éclairé !

Les applaudissements succèdent aux pleurs ; tout le monde s’accorde pour dire qu’on n’a jamais rien vu de plus intéressant, de mieux rendu. Mon voisin se frotte les mains en me disant :

— Vous n’oser pas aborder ce genre-là, vous autres ; le cothurne vous fait peur ; vous en restez aux petites comédies ; ah ! c’est qu’il faut se donner du mal pour produire de ces effets tragiques !