Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans que les aboiements de son chien voulussent bien le permettre.

Dans cette dépendance, il avait déclaré ne pouvoir se charger du rôle de Faublas. Ce rôle affreux, refusé par tout le monde, était pourtant indispensable. Comment faire ? Des ambassadeurs de tout âge, de tout sexe, furent dépêchés au maître de Favori, pour obtenir de lui le sacrifice momentané d’une présence aussi chère. Ce fut en vain ; il consentit seulement à enfermer son chien dans le foyer pendant les répétitions ; mais l’animal faisait de tels gémissements dans sa retraite qu’on ne s’entendait pas sur le théâtre. On lui rendit la liberté, il en usa depuis pour devancer ou accompagner son maître chaque fois qu’il entrait ou sortait, pour mêler quelques sourds grognements aux sermons du curé, ou aux imprécations de Mélanie.

Une si bonne conduite lui avait concilié tous les membres de la troupe ; habitués à voir Favori suivre exactement les répétitions sans jamais les troubler, ils ne pensèrent pas que ce personnage de plus dût faire aucun tort à la pièce.

J’avoue qu’il me captiva plus que tous les autres, et que sa manière d’écouter me parut un vrai modèle d’esprit et de politesse. Assis fière-