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Heureusement tout ce bruit couvrait nos éclats de rire, qui redoublèrent à l’apparition céleste d’Hercule.

Si les costumes avaient causé quelque embarras aux acteurs, on pense bien que le char nébuleux dans lequel le demi-dieu vient débiter sa morale ne donnerait pas moins carrière à leur imagination : les uns proposaient un coffre recouvert de toile grise, qu’on pourrait, à la rigueur, prendre pour un nuage ; les autres, un petit tonneau, qui aurait fait un Bacchus d’Hercule ; mais le voisin, qui était déjà venu à leur secours avec ses chapeaux à trois cornes, devait encore les tirer de peine en cette circonstance. Il offrit de consacrer au dieu de la force le tape-cul dans lequel il allait chercher ses provisions à Reims ; on décida à l’unanimité que ce tape-cul ferait un char aérien très-supportable dès qu’on l’aurait débarrassé de ses roues et de son brancard. L’avis adopté, on passe deux grosses cordes au coin de chaque panneau, on les réunit sur un tourniquet placé au fond du cellier, et par ce moyen la caisse du tape-cul descend et remonte à volonté.

Rien de plus ingénieux, sans doute, mais c’est toujours par la négligence d’un petit détail que