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convives de son vieil oncle, espèce de parterre fort indulgent pour tout ce qui tient à l’amphitryon. On en conclut qu’il fera pouffer de rire toute la salle : ce qui n’est pas une raison, car les calembours, les mots à double entente, la grosse ironie, qui composent ordinairement la gaieté d’un plaisant de famille, n’excitent point celle du parterre ; une bonne balourdise, un mot naturel, une fourberie bien audacieuse, de la naïveté dans le jeu, du sérieux dans le comique, voilà ce qui fait rire.

Sans s’arrêter à ces considérations, l’ami farceur est toujours choisi pour représenter les fripons ou les niais, ceux qui reçoivent ou donnent les coups de bâton. Fait-il le Scapin des Fourberies, ou d’Anière dans le Sourd, on rit dès qu’il paraît, non pas du masque qu’il se compose, mais de celui qu’il conserve en dépit de son travestissement ; car il est lui, toujours lui. Son comique personnel n’est point fait pour le céder à celui de Molière ; il garde ses inflexions légèrement perfectionnées par celles d’Odry et de Potier, dont le souvenir est pour lui une seconde nature.

Quant à ce fretin dramatique qu’une médiocrité complaisante condamne aux utilités, on sait