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figure ridée, son ton bourru, sont deux nécessités du genre. D’ailleurs, comme le vieillard à mémoire est fort rare, il se trouve, par cela même, le tyran de la troupe : on lui passe toutes ses fausses répliques, ses entrées intempestives, son bredouillement causé par la gêne d’un râtelier importun ; on se soumet à sa mauvaise humeur, à ses vieilles traditions, et on ne lui demande, pour prix d’une soumission sans bornes, que de vouloir bien assister aux répétitions en pantoufles, et que de faire en sorte d’éviter un accès de goutte le jour de la représentation.

Le sort des jeunes premières n’est pas moins doux. Il est convenu que leur gaucherie est toujours de la naïveté, leur manque d’intelligence de l’embarras, leurs gestes faux de la grâce naturelle, leur diction chantante l’harmonie d’une voix d’ange ; enfin, comme ce genre de rôle est ordinairement confié à la fille de la maison, ou à la plus jolie demoiselle du magasin, elles sont assurées d’avance contre la malveillance ou la justice des spectateurs.

L’emploi des comiques revient de droit au loustic de la société ; il a l’habitude d’amuser les