Page:Nichault - Physiologie du ridicule.pdf/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— J’ai peur que vous n’ayez raison, reprit madame d’Armintière ; mais ce serait payer un mari trop cher que de se donner tant de ridicules pour lui plaire, et jamais Thérésine…

— Vous faut-il des exemples ? interrompit M. Clermont, je n’en manquerai pas… Mademoiselle de…, mademoiselle C…

— Ah ! vraiment, j’en vois tous les jours ; et je vous avouerai ma faiblesse : en considérant la fortune acquise par ces travers, j’ai quelquefois regretté d’avoir élevé ma fille dans le mépris des vanités si communes aux femmes médiocres, et surtout dans ce sentiment de dignité si contraire à toute espèce de ruse. Je sais trop qu’avec un semblable caractère, les mariages à la mode sont impossibles ; qu’un homme laid, riche, et déjà vieux, n’épouse une jeune personne qu’autant qu’elle feint de le trouver encore jeune et beau ; qu’elle doit avoir toujours l’air d’être éprise de l’héritier imbécile qu’on lui propose ; enfin, qu’elle doit ne se refuser à aucun mensonge pour arriver à posséder un titre, une bonne maison, et cette indépendance que l’argent seul procure. Sans doute la femme à qui les plaisirs du monde suffisent, a raison de leur tout sacrifier,