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d’y produire de l’effet. D’abord, que sa parure ait quelque chose de particulier, que sa coiffure ne soit celle de personne : la moindre innovation en ce genre équivaut presque à une dot. Qu’elle porte des jupons forts courts, que ses épaules soient très-découvertes ; elle compensera cette émancipation par des airs pudiques, et ne lèvera pas les yeux tant que durera la contredanse ; petit manége qui a le double avantage de montrer ce qu’on a de bien, sans avoir l’air d’en vouloir tirer parti.

Si son danseur, ou quelques vieux agréables attirés par sa parure étrange, lui adressent la parole, qu’elle ne manque pas d’entremêler ses réponses de questions singulières : ce n’est pas assez qu’on remarque sa tournure, il faut qu’on cite ses mots hasardés, ses phrases ambitieuses ; puis, lorsque ses ridicules lui auront acquis un certain nombre de courtisans, vous ferez circuler le chiffre de sa dot, en l’exagérant de moitié ; ce dernier moyen employé, achèvera le succès. Alors vous serez accablée de présentations, de demandes ; les futurs viendront en foule, et Thérésine aura le choix sur tous les maris en herbe.