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Voilà donc la suite presque inévitable du succès que tant d’insensées désirent. Voilà le sort qui attend la plus heureuse ; c’est ce sort déplorable que j’ai voulu signaler. On plaint Marie de Clèves, princesse de Condé[1], Gabrielle d’Estrées, mademoiselle de Fontanges, madame de Vintimille, la duchesse de Châteauroux, et tant d’autres victimes du poison que les envieux de la faveur prodiguaient aux maîtresses des rois ; mais l’éclat de cette mort romanesque semble un attrait de plus : le péril annoblit la faiblesse. Comment avoir le remords d’un bonheur qui tue !

Ce n’est donc pas là le tableau qui puisse effrayer une âme noble. Mais celui d’un amour condamné, par un arrêt irrévocable, à passer par toutes les humiliations pour arriver au désespoir, ce tableau d’une jeunesse flétrie conduisant à une vieillesse honteuse ; cette chute d’une âme pure, noble, fière, s’abîmant dans le vice par l’impossibilité de remonter à la vertu, voilà l’image désolante dont j’ai voulu effrayer ces tendres âmes trop souvent ambitieuses d’un amour malheureux, ou ces jeunes esprits vaniteux qui ont tant de peine à résister au prestige de la puissance. Si cette leçon historique arrachait à la séduction des grandeurs et à l’attrait d’un amour inégal une seule victime, j’en serais assez récompensée.


FIN



Coulommiers. — Imprimerie de A. MOUSSIN.
  1. Maîtresse de Henri III.