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pouvoir. Mais bientôt, cherchant à se rassurer par l’excès même d’un dessein si téméraire, elle dit en répondant à sa pensée :

— Non, c’est impossible.

Puis, retombant encore dans son inquiétude :

— C’est un grand mariage qu’il désire pour Olympe ; eh bien, il faut le lui faire faire.

Ici, la figure de madame de Motteville exprima quelques doutes sur la facilité de ce projet.

— Je sens bien que l’amour du roi apportera de grands obstacles à ce mariage, mais il le faut et il sera ; c’est sur vous que je compte, ma chère madame de Motteville, pour faire entendre raison à Olympe de Mancini : elle est sage, spirituelle, elle comprendra qu’il vaut bien mieux profiter de ce moment de faveur pour assurer noblement son sort, que de sacrifier son avenir à un caprice amoureux dont il ne lui resterait bientôt que la honte d’y avoir cédé.

— Votre Majesté peut toujours compter sur mon zèle à lui obéir ; mais dans cette circonstance je ne me flatte pas du succès.

— Vous craignez peut-être que le cardinal ne vous sache mauvais gré de détourner sa nièce d’un attachement trop ambitieux ? détrompez-vous. Le cardinal sait bien que, sur ce point, je resterai inflexible, et il est trop juste pour vous punir d’avoir pris les intérêts du roi et les miens dans cette affaire. D’ailleurs son esprit si fin devinera bientôt qu’il n’y a aucun profit pour lui et pour sa famille à poursuivre une telle intrigue.

Alors la reine entama un long éloge du cardinal, où elle vantait particulièrement sa clémence à pardonner aux frondeurs qui avaient demandé avec le plus d’a-