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Olympe ? demanda la reine en fixant son regard sur madame de Motteville.

— Je ne le crois pas, madame. Madame de Mancini m’a parlé de la recommandation que lui avait faite son mari de mettre en religion leur fille Marie, parce qu’il craignait son caractère indépendant, son esprit audacieux, et qu’il fallait la soustraire au monde ; qu’autrement, avait-il dit, elle y causerait beaucoup de maux[1]. Mais jamais je ne lui ai entendu dire qu’il ait rien prédit sur ses autres enfants.

— Si j’ai bonne mémoire, reprit la reine, cette petite Marie était la moins jolie de ses sœurs, lorsqu’on nous les a présentées à leur arrivée en France.

— À côté de sa sœur Hortense, qui promet d’être une des plus belles femmes de la cour de Votre Majesté, il est vrai que Marie semble presque laide. Cependant elle a les yeux les plus spirituels qu’on puisse voir, et puis je ne sais quel charme répandu sur toute sa personne qui fait qu’on se sent attirer vers elle[2].

— Dans quel couvent sont-elle élevées ?

— Aux dames de Sainte-Marie, à Chaillot, madame, et probablement pour satisfaire au vœux de son mari. Lorsque madame de Mancini retirera du couvent

  1. Mémoires de madame de Motteville. Pièces historiques, etc.
  2. Dreux du Radier dit de Marie de Mancini : « Ce n’était point une beauté, mais ses actions, son maintien, toute sa personne était le résultat de la nature guidée par les grâces. C’était un regard tendre, un son de voix enchanteur ; son génie était noble, ferme et étendu, capable de concevoir les plus grandes choses. La bonne prose et les jolis vers étaient de son ressort ; et Marie de Mancini, qui brillait dans un billet galant, eût pu faire une dépêche de politique et d’État. Elle n’eût pas été indigne du trône, si, parmi nous, beaucoup de mérite était un titre pour y parvenir. » Mémoires historiques, t. VI, 270.