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les amants. Mais j’ai été amoureux dans ma jeunesse, et je sais ce qu’il faut penser de ces héroïnes de vertus.

LA MARQUISE.

Avez vous représenté à Saint-Elme le tort qu’une semblable alliance pouvait lui faire ?

LE BARON.

Représentations, conseils, prières, j’ai tout épuisé en vain. Mais j’ai juré de le déshériter s’il osait l’épouser sans mon consentement.

LA MARQUISE.

Ah ! mon frère, qu’avez-vous fait ?

LE BARON.

Ce que son père eût fait lui-même.

LA MARQUISE, avec feu.

Si vous saviez à quels excès la sévérité d’un père peut porter l’enfant qu’un amour coupable…

LE BARON, d’un ton sévère.

Je sais que l’honneur passe avant tout, et que, tolérer de pareils torts, c’est s’en rendre complice.

LA MARQUISE.

Ah ! redoutez plutôt un excès de rigueur ; épargnez à Saint-Elme cette honte de soi-même, ce tourment affreux que le tems ni les soins ne peuvent apaiser ! c’est votre malheureuse sœur qui vous en supplie.

LE BARON.

Quoi ! c’est vous, Mathilde, qui plaidez pour son