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MARIE, fièrement.

Chassée ! non, vraiment. Chassée !… une honnête fille qui fesait son devoir de tout cœur, et qui serait plutôt morte que de manquer de respect à sa protectrice, à ses jeunes maîtresses. Elles étaient si bonnes, si peu fières avec moi ; l’aînée m’apprenait à broder, l’autre ne voulait-elle pas me montrer la musique ? Travail, plaisirs, j’étais de toutes leurs parties ; enfin elles me traitaient si bien, qu’on me prenait quelquefois pour leur sœur. Non, jamais je ne retrouverai une telle famille, et quand j’y pense, j’étouffe de regrets. (Elle pleure.)

HÉLÈNE, lui prenant la main.

Allons, prends courage. C’est un malheur, mais s’il n’y a pas de ta faute.

SIMON.

Sans doute, ce malheur-là n’est pas irréparable, (à part) Et je m’en réjouis pour monsieur le Baron.

HÉLÈNE.

Mais comment t’es-tu si vite décidée ?

MARIE.

Il l’a bien fallu.

SIMON.

C’est donc d’accord avec madame de Norville que tu as pris ce parti ?

MARIE.

Bien au contraire, madame de Norville ne saura que dans une heure que je ne suis plus à son service.