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sier, enfin tout ce qui peut te rappeler cette histoire ; elle n’est pas vraie, tu es ma mère, je n’en eus jamais d’autre, je mourrai ta fille ; tiens, n’en reparlons jamais ; » et puis elle m’embrassait, me priait de la bénir. Quand je pense à ce moment-là, j’en pleure encore. (Elle s’essuie les yeux.)

SIMON, attendri.

Elle a raison, n’en parlons jamais, ça fait mal ; et puis, si l’on savait cette histoire, il faudrait renoncer à l’état brillant qui s’offre à elle aujourd’hui ; car vous saurez, mère Hélène, que monsieur le Baron, notre respectable châtelain, m’a fait demander Marie pour la placer chez sa sœur. Voyez ce que c’est que l’éducation ! Il ne connaît pas Marie, mais nous l’avons élevée, cela suffit.

HÉLÈNE.

Que le Ciel me préserve de la placer chez Mme de Verneuil, ou plutôt chez cette méchante Mlle Dupré, qui la traiterait comme elle fit autrefois de la fille du concierge. Quoiqu’il y ait bientôt vingt ans de cela, je m’en souviens comme si j’y étais encore. Non, non, Marie ne quittera pas les bons maîtres chez qui elle est, pour servir de méchants domestiques. Mme de Verneuil est une brave dame, je le sais ; mais elle ne se mêle pas des affaires de sa maison. C’est la Dupré qui mène tout, et il faudrait que ma pauvre enfant fût toute la journée aux ordres de cette vilaine femme.

SIMON.

Songez donc que monsieur le Baron serait là pour protéger Marie ; et que si l’on osait…