Page:Nichault - Marie.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’ai voulu lui dire comme quoi, il y a dix-sept ans, nous l’avons trouvée là (en montrant le seuil de l’église), sur cette pierre, à peine enveloppée dans une mauvaise couverture, et n’ayant pour toute fortune que la petite croix d’or qu’elle porte à son cou. Qui sait si tous les renseignements que j’ai pu lui donner ne l’aideront pas un jour à retrouver sa famille ?

SIMON.

Cela n’est guère probable, après tant d’années d’abandon. La mère qui l’a ainsi exposée n’a pas plus envie de la retrouver aujourd’hui, qu’elle n’en avait de la conserver alors ; mais avez-vous bien recommandé à Marie de ne confier ce secret à personne : il nous compromettrait tous les deux peut-être ; et la médisance…

HÉLÈNE.

Qui voulez-vous qui médise d’une bonne action que sans vous je n’aurais pu faire. N’est-ce donc pas le père Simon qui m’a aidée à élever cet enfant, qui nous a sauvées toutes deux de la misère ? quand on saurait tout cela, y aurait-il si grand mal ?

SIMON, avec impatience.

Oui, il y aurait grand mal, je ne veux pas qu’on sache mes affaires.

HÉLÈNE.

Eh bien ! soyez tranquille, Marie n’en parlera pas ; aussi bien la pauvre enfant ne veut pas croire à cette aventure ; elle m’a dit comme ça, en essuyant ses yeux : « Brûlons cette vieille couverture, cette corbeille d’o-