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SCÈNE III.


SIMON, HÉLÈNE.


SIMON.

Ah ! c’est vous, mère Hélène, j’allais justement vous chercher, pour vous faire part d’un projet important. Y a-t-il long-temps que vous n’avez vu Marie ?

HÉLÈNE.

Eh ! voilà près de deux mois. Vous savez bien, père Simon, qu’elle ne peut guère quitter sa maîtresse, et la course est longue d’ici à Norville ; mais j’ai eu de ses nouvelles dernièrement, par le petit garçon de la ferme. Il m’a apporté quelque argent de sa part, car la pauvre enfant ne songe qu’à secourir sa vieille Hélène, et pourtant elle sait bien que je ne suis pas sa mère.

SIMON.

Pourquoi le lui avez-vous dit ? cette indiscrétion ne pouvait servir qu’à l’affliger et même à lui nuire. Car vous n’ignorez pas le mépris qu’on a, dans le village, pour les enfants trouvés.

HÉLÈNE.

Vraiment je l’ai fait pour un bien : j’ai pensé que j’aurais bientôt soixante ans, qu’à cet âge la mort pouvait me frapper d’un moment à l’autre, j’ai pensé que vous n’étiez pas plus jeune que moi, et que notre pauvre filleule pourrait se trouver tout-à-coup sans protection sur la terre. C’est par cette raison que