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l’avoir vu l’hiver précédent au bal de l’ambassadeur d’Espagne, et, comme elle avait autrefois beaucoup connu son père, elle lui parla d’une manière si affectueuse du plaisir qu’elle avait à retrouver le fils d’un ancien ami, qu’il ne s’aperçut point de l’air maussade dont Alfred lui rendit son salut, et s’informa avec intérêt des suites de sa blessure.

Alfred, qu’un mot obligeant flattait toujours, se dérida pour lui répondre, et finit par causer avec lui en toute confiance.

Lorsque l’on sortit du salon pour se mettre à table, Alfred me dit à voix basse :

— Au fait, je crois que c’est un bon enfant.

Ce qui, dans sa bouche, voulait dire un homme aimable, sans prétentions, et surtout fort indulgent sur les défauts à la mode.

Je ne me trouvai pas, à beaucoup près, si bien disposée qu’Alfred en faveur de M. de Clarencey. Il m’avait saluée très-froidement, ne s’était pas le moins du monde occupé de moi, et j’étais très-décidée à ne faire aucun frais d’esprit pour lui. Après dîner, on proposa