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de la questionner sur ce M. de Clarencey dont mon père venait de parler avec tant d’intérêt.

Elle m’en fit un éloge qui s’accordait parfaitement avec celui que je venais d’entendre, mais elle ajouta :

— Malgré tout le bien qu’on en pense, mademoiselle, et qu’il paraît mériter, je doute qu’il vous plaise infiniment ; il a un certain air froid, insouciant même, qui va mal à son âge.

» Lorsque son père fut exilé, ses biens séquestrés, il a dû être fort malheureux, mais depuis que M. le comte l’a fait rentrer dans son héritage, et qu’il se trouve à vingt-cinq ans maître d’une grande fortune, on ne conçoit guère ce qui peut manquer à son bonheur, et comment il préfère même en hiver, le séjour de Clarencey à celui de la cour où l’on dit que le roi a tant de bontés pour lui.

Je fus de l’avis de Suzette, et j’arrangeai dans ma tête qu’un homme qui ne savait pas jouir des agréments de la vie quand tout concourait à rendre la sienne heureuse, ne pouvait être que souverainement ennuyeux.