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en elle la confiance qu’elle méritait à tant de titres. Le regret de la quitter fut le seul chagrin qui troubla la joie que m’inspirait le voyage ; il dura deux jours, pendant lesquels la gaieté d’Alfred prit un tel ascendant sur la gravité de mon père qu’il finit par se prêter de la meilleure grâce à toutes ses folies.

L’aspect des avenues du château changea tout à coup cette disposition. M. de Montbreuse prit un air sombre, ma tante se retourna pour cacher les larmes qui s’échappaient de ses yeux, Alfred devint silencieux ; tout m’avertit que j’approchais du tombeau de ma mère, et la plus profonde mélancolie s’empara de mon âme. Je me rappelai la confidence d’Étienne, les regrets de Suzette et mille souvenirs de mon enfance qui se rattachaient à cette mère tant regrettée ; je devinai ce qui devait se passer dans le cœur de mon père, et quand la voiture s’arrêta, je me jetai dans ses bras, fondant en larmes. Il me serra tendrement contre son sein et descendit, sans me dire un seul mot, pour répondre à l’accueil des bons paysans qui étaient venus à sa rencontre et s’empressaient de lui témoigner com-