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XIII


La campagne était ouverte depuis deux mois, on ne s’occupait que des nouvelles de l’armée ; c’était le sujet continuel de tous les entretiens, ce qui me procurait le plaisir d’entendre souvent parler d’Alfred et vanter ses talents militaires. Un soir me trouvant seule à souper avec M. de Montbreuse, on lui annonça l’arrivée d’un courrier qui lui apportait des dépêches de la part du ministre de la guerre. Il était plus de minuit, et ce message, à une telle heure, m’inquiéta vivement. On remit une lettre à mon père ; à peine l’eut-il décachetée, que je le vis pâlir et s’écrier : « Malheureuse sœur ! Il n’en fallut pas davantage pour me persuader que le ministre lui apprenait la mort d’Alfred, et, frappée de surprise, de terreur, je tombai évanouie. Quand je revins à moi, j’aperçus mon père appuyé sur le chevet du lit où l’on m’avait transportée, tenant une de mes mains dans les siennes, et regardant avec in-