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pagne, préférant l’entretenir de ses exploits que de ses fautes.

La sévérité de cette réponse m’indigna, et me fit excuser une démarche dont les suites auraient pu me perdre.

La veille du départ d’Alfred, M. de Montbreuse étant allé à Versailles, je restai seule avec mademoiselle Duplessis, dont la conversation, aussi ennuyeuse que pédante, me rendait ingénieuse pour trouver les moyens de m’y soustraire. J’avais le projet d’écrire, le soir même, à mon Eugénie, et pour engager mademoiselle Duplessis à ne pas m’importuner de sa présence, je lui avais commencé la lecture d’un livre que je lui persuadai d’achever, en l’assurant que l’intérêt allait toujours croissant. Elle me crut et se retira dans sa chambre ; je passai aussitôt dans mon cabinet d’étude, et, là, jouissant du plaisir de me trouver seule, je peignis à mon amie les regrets que j’éprouvais du départ d’Alfred. Dans ma lettre je blâmais le refus que mon père avait fait de recevoir ses adieux ; j’en parlais comme d’une injustice qui ajoutait encore à mon