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constance, ma chère Léonie, il faudrait savoir au juste de quel sentiment ton âme est pénétrée, et peut-être l’ignores-tu toi-même. D’après ce que tu me dis, et plus encore d’après la connaissance que j’ai de toi, je te crois sincèrement aimée ; mais pour répondre à cet amour en résistant à la volonté d’un père, il faut être bien sûre de la constance d’un attachement qui doit coûter tant de peine ; car en est-il de plus vive que celle d’affliger son père ! Si tu crois pouvoir surmonter le penchant qui t’entraîne, n’hésite pas, mon amie, à en faire le sacrifice, et sois assez courageuse pour fuir cet Alfred dont la présence serait toujours dangereuse pour toi ; mais si, après avoir vainement combattu, tu acquiers la certitude que de cette affection dépend le bonheur de ta vie, alors déclare à M. de Montbreuse que rien ne peut triompher du sentiment qui te domine, mais que jamais il n’aura à se plaindre de ta soumission ; enfin, rends-le l’arbitre de ton malheur, et attends tout de sa bonté et de ta persévérance.

Ce discours me parut dicté par la sagesse même ; il me semblait qu’il accordait merveilleusement mes de-