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conduite ; garder la lettre sans y répondre, c’était inquiéter Alfred, lui laisser croire qu’il m’avait offensée et que je ne lui pardonnerais jamais ; c’était l’accabler quand je le savais malheureux, et la générosité ne me permettait pas de prendre ce dernier parti. Dans cet embarras extrême, je résolus d’avoir recours aux conseils de mon Eugénie, et fis demandera mon père la permission d’aller passer la journée au couvent ; il me l’accorda, et je me rendis aussitôt chez mon amie.



XI


Mon arrivée au couvent devint le signal d’une fête ; madame la supérieure fit suspendre les leçons, et j’eus bien de la peine à me soustraire aux caresses de mes anciennes compagnes, pour me livrer au plaisir de causer avec mon Eugénie. Quand nous fûmes seules, je lui peignis l’embarras de ma situation, et voici ce qu’elle me dit :

— Pour oser te donner un conseil dans cette cir-