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gner de chez lui, en me conduisant chez les personnes où il n’était point connu ; mais son neveu ayant découvert cette ruse, se faisait présenter partout. Son nom, ses manières et sa gaieté lui attiraient toujours l’accueil le plus flatteur ; et, malgré sa prévoyance et la sagesse de son esprit, mon père voyait sans cesse ses projets déjoués par la malice d’un étourdi.

Cette petite guerre durait depuis trois mois, quand mon père entra un matin dans le salon où j’étudiais, s’assit auprès de moi et me dit :

— Léonie, je méritais mieux votre confiance, vous avez un secret et vous m’avez réduit à le deviner ; je ne suis pas votre ami.

Son émotion l’empêcha de continuer. Je me jetai dans ses bras en fondant en larmes, rien n’égalait mon repentir et ma confusion ; il en fut pénétré, et crut au serment que je lui fis de me soumettre aveuglement à toutes ses volontés. J’étais bien aise d’avoir quelque sacrifice à lui faire pour mieux lui prouver la sincérité de ma résignation. Il obtint sans peine de moi la promesse d’oublier Alfred et de lui ôter toute espérance