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s’enivrer l’amour-propre. Je ne pouvais douter de la préférence d’Alfred ; l’amant de la belle madame de Rosbel brûlait du désir déplaire à cette petite pensionnaire dont elle avait parlé avec tant de dédain. Un premier mot d’amour venait de frapper mon cœur, je pris le trouble que j’en ressentis pour l’effet d’un sentiment qui devait subjuguer mon âme. Alfred me plaisait ; je crus l’aimer. Que de femmes sont tombées dans la même erreur ! Ne connaissant l’amour que par récit, le premier qui leur en parle émeut toujours leur cœur en leur inspirant de la reconnaissance, et, dupes de cette émotion, elles prennent le plaisir de plaire pour le bonheur d’aimer.



VIII


Comme ma conscience ne me laissait pas parfaitement tranquille sur l’espèce d’intimité qui venait de s’établir entre Alfred et moi, je me promis de n’en parler qu’à Eugénie, et, toute fière d’avoir un secret,