Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’accent de sensibilité qui accompagnait ces mots m’émut et m’étonna beaucoup. Cependant je voulus me tenir parole, et je lui répondis de l’air le plus calme que je pus obtenir de moi :

— Je n’ai jamais pensé, monsieur, que vous ayez eu l’intention de m’offenser, je ne mérite pas plus l’injure que l’éloge, et, d’ailleurs, j’ai appris qu’il fallait souvent mépriser l’une et l’autre.

— C’est ainsi que vous me rassurez, reprit-il avec une sorte d’emportement ; vous feignez de me croire innocent pour vous épargner l’ennui d’entendre ma justification, vous dédaignez mon opinion autant que mon amitié, vous ne craignez pas de m’affliger sensiblement… Ah ! je vous croyais un meilleur cœur.

Il avait profité, pour entamer cette explication, d’un moment où M. de Montbreuse racontait un événement politique arrivé pendant son séjour en Allemagne, et qui captivait l’attention générale. Heureusement pour moi, le récit étant achevé, chacun se sépara, et plusieurs personnes vinrent du côté où je m’étais retirée, ne prévoyant pas qu’Alfred m’y suivrait. Leur pré-