du monde, et si sa cousine croit à la franchise de son amitié, elle est grandement dupe.
— Voulez-vous savoir aussi le nom du jeune homme qui entre en ce moment dans leur loge ?
— Vous vous moquez, répondit en riant ma tante, n’est-ce pas Alfred ?…
À ce nom le spectacle fut terminé pour moi ; je ne vis plus que cette loge dont on s’occupait tant ; madame de Rosbel me parut d’une beauté éclatante, c’était un modèle d’élégance et de coquetterie ; elle paraissait faire tant de frais pour chacun de ceux qui venaient lui rendre hommage, que sa préférence pour M. de Nelfort ne me l’aurait pas fait deviner ; mais je remarquai bientôt la différence des manières d’Alfred avec celles des autres hommes qui se trouvaient près d’elle ; il lui parlait peu, ne la regardait jamais, et l’écoutait avec l’air de ne point approuver ce qu’elle disait, ou d’en rire avec ironie. Cette espèce de gaieté contrastait si bien avec les airs doucereux et flatteurs des courtisans de madame de Rosbel, que personne ne se serait trompé sur le genre d’intimité qui existait