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me défendait d’aimer ; je regrettais de me voir obligée de sacrifier une rêverie qui amusait mon cœur, et tout en me promettant de suivre ponctuellement les avis de mon père, j’attendis avec impatience le moment où madame de Nelfort devait venir me prendre, et quand je la vis seule dans son carrosse avec M. de Frémur, il me vint à l’idée que je pourrais bien m’ennuyer à l’Opéra.




V


À seize ans, quelle que soit sa préoccupation, l’esprit est facile à distraire. Je commençai par trouver l’orchestre étourdissant, la salle mal éclairée, et, bientôt séduite par l’ensemble du spectacle, je m’en occupais uniquement, quand M. de Frémur, qui était placé dans le fond de la loge, s’écria :

— Eh ! voilà madame de Rosbel, elle revient probablement passer son quartier d’hiver à Paris.

— Je vous défends d’être aussi méchant pour elle, dit madame de Nelfort ; on doit quelqu’indulgence