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d’une autre. Mon sort est accompli. Ah ! je n’étais pas né pour jouir de tant de bienfaits du ciel. J’ai dédaigné les conseils d’un père, j’ai compromis les jours de l’ami le plus dévoué, et je perds une femme adorable ! Un esprit indocile, une faiblesse inexcusable, m’ont ravi tous ces biens. Je vais en déplorer la perte loin de vous, et chercher une mort assez honorable pour obtenir mon pardon.

— Ah ! mon fils, quels reproches ! s’écria madame de Nelfort en fondant en larmes.

L’accent de la douleur de cette excellente mère retentit jusqu’au fond de mon âme ; je m’élançai dans ses bras ; Alfred embrassait, en pleurant, ses genoux, et ma tante le conjurait de calmer son désespoir en lui disant :

— Il ne faut plus compter sur l’indulgence de ton oncle, je le sens ; Léonie ne doit plus te pardonner, mais ta mère peut te suivre, Alfred, et partager tes regrets. Tu ne la verras pas sans consolation pleurer avec toi sur les malheurs qu’avec plus de prévoyance