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monter ; et, si jamais son jeune cœur se fermait à tes conseils, conduis-la sur ma tombe ; là, raconte-lui ma mort, et demande-lui, au nom de sa malheureuse mère, de te laisser assurer son bonheur. »


» En finissant la lecture de cette lettre, je me précipite à genoux en m’écriant hors de moi :

» — Non, je ne t’ai jamais trahie.

» Ce cri de désespoir réveille Sophie ; ses yeux se tournent vers moi, j’y lis l’effroi que lui inspire mon égarement, et ses mains tremblantes cherchent à essuyer mes larmes.

» Elle fait de vains efforts pour répondre au serment que je lui répète de mourir à l’instant si je n’obtiens son pardon ; mais s’emparant de ma main elle la pose sur son cœur, me sourit, et tombe morte sur mon sein.

» La douleur inconsolable que j’éprouve encore en ce moment, Léonie, peut seule vous donner l’idée de celle qui déchira mon âme lors de cette affreuse séparation. Je m’y abandonnai tellement que j’y aurais