Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Mais je vous trouve bien faible de vous en affliger ainsi ! Ne savez-vous pas que les bouderies des femmes sont comme celles des enfants, elles se prolongent tant qu’on y prend garde, et cessent aussitôt qu’on n’a plus l’air de s’en apercevoir.

» Laissez à madame de Montbreuse la liberté de vivre à sa manière, rendez-lui les soins qu’exige sa santé, mais ne vous soumettez point à subir ses caprices. La retraite ne convient ni à vos talents ni à votre esprit, ne vous éloignez pas du monde pour lequel vous êtes né, et vous verrez que, malgré ses belles résolutions, madame de Montbreuse vous y suivra bientôt.

» Ce conseil, donné du ton le plus impartial, me parut fort sage, et je le suivis avec exactitude. L’humeur de Sophie s’en aigrit davantage, elle s’affermit dans l’idée que madame d’Aimery dirigeait toutes mes actions et qu’il serait inutile de chercher à combattre l’empire qu’elle exerçait sur mes sentiments. J’avoue que ma conduite devait la fortifier dans ses soupçons.

» Importuné de ne trouver chez moi qu’une personne triste et contrainte, dont la conversation était semée de