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la comtesse et de moi pour éviter toute explication.

» La lecture de cette fatale lettre frappa d’un coup mortel le cœur de votre malheureuse mère, ma chère Léonie, elle me supposa plus coupable encore que je ne l’avais été ; et soit fierté, soit vertu, elle prit la ferme résolution de dissimuler sa douleur au point de n’en jamais laisser soupçonner le motif.

» C’est à cette cruelle discrétion que j’attribue son malheur et le mien, car elle n’avait qu’un seul mot à dire pour me voir expier ma faute par tous les sacrifices qu’elle eût exigés de moi ; rien ne m’aurait coûté pour en obtenir le pardon, et ma vie entière eût été consacrée à lui prouver qu’elle était le premier et l’unique intérêt de mon cœur.

» Mais, loin de se livrer à tant de confiance, Sophie devint tout à coup silencieuse et contrainte avec moi. Étonné du changement que je remarquais en elle, je lui en demandais souvent l’explication sans pouvoir obtenir d’autre réponse que :

» — Ma santé s’affaiblit et je sens que mon humeur en souffre.