Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manda de ne plus lui parler d’une folie qui finirait par l’offenser. Eugène se méprit sur la franchise et l’indulgence de Sophie, et, fort de cette maxime tant répétée par les gens corrompus, qu’une femme honnête est à moitié séduite quand elle ne s’irrite pas d’un premier mot d’amour, il ne se donna plus la peine de dissimuler le sien.

» La comtesse de Montbreuse, blessée de sa conduite, lui ordonna de quitter le château, et le chevalier, dans sa colère et son désespoir, se réfugia chez madame d’Aimery ; obtint à titre de grâce, la dernière lettre que je lui écrivis en quittant l’Angleterre, et l’adressant à madame de Montbreuse, il y joignit ces mots :

» — Voyez pour qui vous sacrifiez l’homme qui vous aime le plus au monde.

» Madame d’Aimery redoutant les suites d’une vengeance qu’elle méditait depuis longtemps, détermina le chevalier à se rendre auprès de sa mère en lui promettant de lui faire savoir l’effet que produirait la lettre, mais bien décidée à le tenir sans cesse éloigné de