Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de bonne compagnie ne doit jamais être qu’amateur. Par pitié, ma sœur, ne l’encouragez pas dans ses folies, c’est bien assez de les tolérer ; grâce à son bon naturel, votre faiblesse n’en a fait que le chef-d’œuvre des enfants gâtés. Un peu plus de défauts, et ce serait un mauvais sujet, je vous en avertis.

— Vous êtes par trop sévère, monsieur de Montbreuse, mais je ne le défendrai pas. Il arrive demain, muni d’un congé qui lui donnera le temps de se justifier près de vous ; il brûle de voir sa jolie cousine.

En finissant ces mots, madame de Nelfort se leva de table. Rentré dans le salon, M. de Frémur parla longtemps bas avec elle, les yeux fixés sur moi, et d’un air si mystérieux, que je prêtai l’oreille à leur conversation ; mais excepté le nom d’Alfred qu’ils ne cessaient de répéter, je ne pus rien entendre. Impatientée de me voir l’objet continuel de leur observation, je me retirai dans mon appartement, et, sans trop savoir pourquoi, je rêvai à cet Alfred qu’il fallait tant de sottise ou de vertu pour braver.