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le ciel m’avertissait de tout ce que tu serais un jour pour moi.

» Plusieurs années s’écoulèrent dans le charme de l’intimité la plus douce. Sophie, naturellement inquiète, se rassurait en me voyant livré aux sévères occupations d’un homme destiné à servir honorablement l’État ; et si parfois je souffrais des hommages séduisants qui lui étaient offerts, elle évitait à ma fierté la honte de s’en plaindre, et trouvait toujours un moyen ingénieux de me prouver qu’elle y était insensible.

» Une telle félicité n’est pas faite pour la terre ; j’en ai joui quatre ans, et peut-être tout ce que j’ai souffert depuis, ne l’a-t-il pas acquittée ! Je la croyais inaltérable lorsqu’un soir, à une grande assemblée chez le duc de G***, j’entendis annoncer madame d’Aimery.

» Ce nom me frappa si vivement que, sans achever la phrase que j’avais commencée à la personne qui causait avec moi, je retournai brusquement la tête pour voir si mon oreille ne m’avait point trompé, et j’aperçus, en effet, madame d’Aimery dans tout l’éclat de la