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ne nuit aux prétentions de personne, adopte, sans examen, les opinions de ceux qui l’entourent, et se croit de moitié dans tous les succès qu’obtiennent ses amis.

» Elle fit un éloge de madame d’Aimery que tout autre que moi aurait trouvé trop long ; mais il justifiait à mes yeux l’instant d’égarement qu’elle m’avait inspiré et le souvenir que je conservais d’elle. J’écoutai avec plaisir cet éloge que madame d’Orbeval termina en disant :

» — Tant d’agréments et de qualités précieuses devraient assurer son bonheur, et cependant madame d’Aimery ne sera jamais heureuse.

» — Pourquoi cela ? interrompis-je.

» — On n’est jamais heureux avec une sensibilité si profonde, reprit madame d’Orbeval. Si vous lisiez, M. le comte, les lettres que cette pauvre Amélie m’écrit depuis six mois, vous sauriez qu’on peut être bien admiré et bien à plaindre. J’ignore la cause de ses chagrins autant que sa position peut la laisser ignorer ; car, étant jeune, riche et belle, on n’a guère à redouter qu’un genre de malheur.