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» Sa terre est voisine du château de Céréville et, si vous attachez quelque prix à savoir de mes nouvelles, elle vous en donnera, car je ne prévois pas être de longtemps en état de vous écrire.

» Ce discours, les pleurs qui l’interrompirent et le charme indéfini que répand toujours la douleur sur une belle personne, avaient tellement égaré ma raison que, si madame d’Aimery ne m’avait imposé silence, j’allais peut-être, dans mon délire, lui offrir de rester près d’elle et de lui sacrifier tout ce qui s’opposait à son bonheur.

» Mais elle voyait trop juste pour se tromper sur l’effet d’un semblable mouvement ; elle savait mieux qu’une autre que la passion qui fait violer tous les devoirs ne peut être qu’instantanée, et que la réflexion qui en détruit le charme n’en fait plus qu’un regret déchirant ; madame d’Aimery me connaissait assez pour refuser un sacrifice qu’elle eût payé trop cher par mon retour certain à mes serments et à Sophie.

» Son aveu avait troublé ma joie ; des désirs inquiets se mêlaient dans mon cœur à celui de revoir Sophie.