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talents de Sophie, laissait déjà lire dans ses yeux l’oubli de son deuil et l’impatience de le voir finir.

» Le dépit que je ressentis de cette scène me prouva combien j’aimais Sophie. En vain je tentai de paraître indifférent aux soins de M. de Clarencey pour elle ; en vain j’essayai d’en rendre à madame d’Aimery qui captivait déjà tous les hommages, je ne pouvais distraire ma pensée de Sophie.

» J’aurais voulu haïr le duc de Clarencey, mais j’eusse été par trop injuste et même ingrat ; il m’avait toujours traité de la manière la plus affectueuse, et c’était l’homme le mieux doué de toutes les qualités qui inspirent l’estime et l’amitié.

» Je ne peux rendre l’espèce de chagrin que j’aperçus dans le regard de Sophie, lorsque je me plaignis de sa recherche à plaire au duc de Clarencey.

» — Vous aurais-je affligé ? me dit-elle ; ah ! je serais bien fâchée de vous avoir causé la moitié de la peine que vos soins pour madame d’Aimery m’ont fait éprouver.

» Ce peu de mots m’apprit que j’étais aimé et que