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propre ; je formai le projet de lui plaire, et je m’y appliquai tout le temps qu’il plut au duc de G*** de retarder son départ pour Londres.

» Sophie ignorait que la marquise eût décidé de son sort, et croyait pouvoir accueillir les vœux d’un ami de sa mère. Je doutais encore de sa préférence, lorsqu’un soir on annonça le duc de Clarencey.

» — Voilà, dis-je tout bas à Sophie, un homme fort aimable ; il ne tient qu’à vous de me le faire haïr.

» Elle se disposait à me répondre, mais madame de Céréville l’obligea de quitter son ouvrage, sous prétexte qu’il la fatiguait trop, et la fît asseoir auprès d’elle. Alors je pus remarquer tout ce qu’imagina cette ingénieuse mère pour faire valoir les avantages de sa fille.

» On parla peinture pour amener l’occasion de dire que Sophie dessinait à ravir ; on discuta sur la musique du dernier opéra, pour obliger Sophie à chanter l’air que chacun préférait, et ce petit manège eut tout le succès qu’en attendait madame de Céréville.

» La finesse de ses amis devina ses projets, les servit adroitement, et le duc, enchanté des grâces, des