Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors chacun se sépara ; Edmond parla de l’obligation où il était de passer la soirée avec sa tante, pour remplacer le curé qui faisait ordinairement son piquet. Je devinai, à ce prétexte, qu’il éprouvait, autant que moi, le besoin d’être seul, et je le plaignis d’ignorer le regret qu’allait me causer son absence.

Après m’être enfermée chez moi pour écrire à mon Eugénie tous les nouveaux chagrins dont j’étais tourmentée, je me rendis auprès de Suzette. Elle était plus calme ; mais à la vue des larmes dont mes yeux montraient encore les traces, elle se désespéra, en s’accusant d’être la cause de mes peines.

Je lui répétai vainement qu’elle n’était pour rien dans l’accès de tristesse qui s’était tout à coup emparé de moi en écrivant à mon amie ; la pauvre enfant ne voulut pas me croire.

Pendant que j’inventais plusieurs petits mensonges pour la persuader de cette vérité, j’aperçus deux grosses clefs accrochées à la cheminée de sa chambre, dont l’une avait une étiquette, avec ces mots : Clef du jardin de madame la comtesse.