Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Plongée dans une rêverie profonde, je paraissais tellement accablée que ma tante s’en inquiéta et m’assomma de questions auxquelles je répondis fort mal. Mon père eut pitié de mon supplice, et mit tous ses soins à me distraire de la tristesse à laquelle il me voyait livrée. Alfred lui-même oublia sa bouderie ; il vint me parler avec intérêt de l’état de langueur où je me laissais aller.

— Reprenez votre colère, Léonie, me dit-il, je la supporte mieux que votre tristesse.

Edmond tenta plusieurs fois de m’adresser aussi la parole, mais elle expirait sur ses lèvres, et ses yeux semblaient me dire :

— Qu’ajouterai-je à ce que vous savez !

Cette vie de contrainte ne pouvait convenir à l’activité d’Alfred ; la présence de mon père le gênait au dernier point, et l’on remarquait qu’il ne cherchait qu’à l’éviter ; mais cela n’était pas toujours possible.

Au fait, sa position était vraiment pénible. Edmond excepté, Alfred avait des torts envers chacun de nous, et de plus sages que lui n’auraient peut-être pas eu le